Suicide et bipolarité

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Les patients atteints de trouble bipolaire présentent un taux majoré de suicide. Il existe parmi eux des profils particulièrement à risque ; aussi est-il vital de les identifier le plus tôt possible afin de les suivre de manière étroite.

Le trouble bipolaire en quelques lignes

La bipolarité fait partie des pathologies psychiatriques les plus lourdes. Maladie mentale chronique, elle concerne entre 1 et 2,5 % de la population, soit entre 650 000  et 1 650 000 Français avec des troubles apparaissant le plus souvent entre 15 et 25 ans.

Elle se caractérise par une alternance de deux phases :

– la phase d’exaltation (aussi nommée « maniaque »)

– la phase de dépression ;

Le problème majeur de la bipolarité reste qu’elle est couplée à un taux de suicide relativement élevé (environ 10 à 20 % des personnes atteintes par cette pathologie). De plus, elle est associée à d’autres troubles qui viennent se greffer comme l’alcoolisme, la prise de drogue…ce qui vient encore renforcer la comorbidité.

Aussi est-il crucial de déterminer dès le départ quels sont les patients à haut risque suicidaire et comment ajuster les traitements thérapeutiques afin de réduire leur comportement dévastateur.

L’impact de la labilité affective dans le risque suicidaire

La fondation FondaMental (https://www.fondation-fondamental.org) a mené une étude axée sur la labilité affective comme facteur déterminant de la propension aux idées suicidaires.

La labilité affective correspond à la variation des émotions qui s’opère au fil du temps. A la différence des épisodes maniaco-dépressifs qui courent sur le long terme, la labilité affective se décrit par une fluctuation plus rapide des émotions : le malade passe d’un état à un autre en un temps réduit.

Ainsi, les chercheurs se sont penchés sur la question, suivant 400 patients présentant des troubles bipolaires sans idée suicidaire au départ de l’étude.

Les conclusions sont sans appel : les patients dont la labilité affective est importante (donc changeant d’état émotionnel très rapidement) présentent 3 fois plus d’idées suicidaires que les autres. On note par exemple que ceux qui passent d’un état anxieux à dépressif ou neutre à en colère en un court laps de temps figureront parmi les plus touchés par les idées de suicide.

À partir de ce constat, les chercheurs ont dégagé deux axes majeurs à suivre afin de diminuer significativement les risques de suicide chez ce type de patients :

1) l’importance de l’évaluation systématique des troubles borderline et la comorbidité associée ; en effet, ils sont liés à une labilité affective accrue et présentent donc un risque majeur d’idées suicidaires pour les personnes qui en sont atteintes.

2) la réduction de la labilité affective : elle devient alors un nouveau point d’ancrage thérapeutique. Le corps médical va chercher à impacter l’affect des patients pour diminuer les variations d’humeur trop rapides. La méditation pleine conscience fait partie des pistes prometteuses à suivre pour réduire cette instabilité émotionnelle.