Le constat est glaçant : au cours de sa vie, un Français sur 20 déclare avoir tenté de se suicider et un sur 50 meurt par suicide. Au total, 130 000 personnes tentent de mourir volontairement chaque année et 10 000 y parviennent. Des chiffres qui font froid dans le dos. Mais peut-on influer positivement sur ces données morbides ? Quels symptômes doivent nous mettre la puce à l’oreille ?
Mieux comprendre la crise suicidaire
Elle constitue une crise intérieure, liée au psychique, comme une vague destructrice tellement puissante qu’elle est difficile à enrayer.
Il existe néanmoins des manifestations qui, accumulées les unes aux autres, permettent de valider la thèse de la crise suicidaire. Par contre, ces éléments pris séparément ne témoignent pas d’une crise réelle, mais plus d’un mal-être plus ou moins profond, à soigner dans tous les cas lui aussi.
La crise suicidaire relève d’un ensemble de comportements. Elle combine :
- ennui, tristesse, pleurs et désespoir ;
- intentions de suicide exprimées ;
- repli sur soi et isolement ;
- souffrance intense de l’âme avec un sentiment prononcé d’échec ;
- troubles de la mémoire et du sommeil ;
- distance instaurée avec les personnes qui témoignent de l’affection et du soutien ;
- intérêt pour les éléments morbides ;
- perte d’appétit ou au contraire boulimie intense ;
- approvisionnement en arme à feu.
Dans quel contexte s’inscrit la crise suicidaire ?
C’est un état qui n’arrive pas sans raison, en règle générale. Il est provoqué par des chocs émotionnels (comme une histoire familiale difficile, un deuil…), une maladie grave qui fait perdre pied (cancer…) ; la crise suicidaire est aussi étroitement liée à la dépression.
Les comportements à risque comme l’alcoolisme et la toxicomanie viennent compléter le tableau déjà noir des facteurs de risque de tomber dans une crise suicidaire.
Face à une crise suicidaire avérée
Si vous soupçonnez l’un de vos proches ou un ami de connaître une crise d’une telle ampleur et que vos craignez pour sa vie, voici ce que vous pouvez l’encourager à faire. Évidemment, la personne en souffrance aura cette fameuse réaction du « à quoi bon ? » et ce sera à vous de la convaincre de l’utilité de ces actions. Elles ne constituent malheureusement pas une recette miracle. Elles permettent simplement de recadrer la personne et de lui donner des bouées de sauvetage pour tenter d’éviter la noyade.
1) L’importance des professionnels de santé
Psychologues et psychiatres sont là pour faire tomber les barrières intérieures. Leur action a pour but de trouver la racine du mal pour mieux le combattre. Ils revêtent donc un rôle primordial dans la prise en charge d’une personne en proie à une crise suicidaire. On pense souvent à tort que le dialogue ne changera rien. C’est tout le contraire ! Un être en souffrance qui se sent écouté pourra plus facilement vider son sac.
Il pourra aussi faire un travail avec le professionnel de santé afin d’identifier les éléments déclencheurs de la crise ; c’est important de les connaître pour mieux les anticiper.
Le professionnel de santé va ainsi pouvoir mettre en place un traitement à la fois physique (en prescrivant des médicaments) et psychique (en écoutant et dénouant la crise). Il est important d’agir en prenant des médicaments pendant la phase critique.
En effet, outre la nécessité d’établir un dialogue avec des professionnels de santé, la prise d’un traitement prescrit par un psychiatre ou son médecin généraliste permet de soulager les effets d’une dépression. Cela permettra d’envisager un futur moins sombre et que la personne soit projetée autrement que dans un univers où le suicide occupe tout l’espace.
Certes, son bagage restera lourd et tout ne disparaîtra pas d’un coup. Mais la parole possède des vertus salvatrices. Il faut donc encourager la personne en crise à expliquer ce qu’elle ressent.
2) La place des associations d’écoute
Les bénévoles des associations d’écoute ne sont pas des professionnels de santé. Ils n’ont donc pas la même approche du sujet. Pour autant, ils sont en mesure d’échanger, de rassurer, d’encourager car ils sont dans une optique d’élargissement du champ des possibles. Il est donc utile pour une personne qui fait une crise suicidaire de pouvoir en parler aussi avec des gens extérieurs.
3) Encourager la personne à pratiquer une activité physique
Yoga, marche ou course à pied, natation : peu importe l’activité tant qu’elle est exercée de manière régulière. Cela permet de changer les idées à la personne qui va mal. Le sport a des vertus puissantes, même s’il ne résout pas tout, évidemment. Une activité comme la lecture ou l’écriture sera aussi très bénéfique pour surmonter la crise.
Dans tous les cas, la personne en souffrance doit être surveillée étroitement pour éviter le pire.
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